Protecteur : L’Œuvre
Votre dévouement passionné à l’art et à la beauté vous a conduit à quelque chose de stupéfiant : la création d’une œuvre à laquelle votre âme et votre corps sont liés. C’est un autoportrait que vous avez peint sur une toile, une sculpture de vous même, un roman autobiographique, la partition d’une symphonie. Ou même une œuvre architecturale qui représente beaucoup de votre intimité, comme une maison, un sanctuaire…
Qu’il s’agisse d’un tableau ou d’autre chose, elle reflète votre moi intime. Elle souffre à ce titre des blessures que la vie vous inflige, des maladies que vous contractez, et finalement restitue avec une effroyable fidélité la bonté ou la cruauté dont vous faites preuve. Subtilement, mais sans vous, les traits de pinceaux, les lignes du texte, les notes de la symphonie ou l’agencement des pièces sont modifiés au fur et à mesure de vos actes et de vos dispositions intérieures. Mais l’œuvre vous garantit le plein profit de votre art en vous conférant du pouvoir sur votre environnement, sur vos proches, sur votre vie même : Grâce à son incroyable existence, le plus souvent tenue secrète, vous appliquez beauté comme laideur, selon vos caprices, sur la réalité.
Cette liberté à l’égard des responsabilités qui échoient à tout un chacun est corruptrice au plus haut degré, et vous êtes prévenu en vous y abandonnant : si l’œuvre est détruite, toute cette souffrance sera retournée vers vous, afin que soit, au bout de tout compte, collectée la part du diable.
Liste de sorts étendue
La création de l’Œuvre vous permet de choisir parmi une liste étendue de sorts lorsque vous apprenez un sort de sorcier. Vous ajoutez les sorts suivants à la liste de sorts de sorcier :
Maîtrises supplémentaires
Au niveau 1, vous pouvez oublier la maîtrise d’une compétence ou d’un outil pour obtenir celle d’un outil de votre choix à la place, à condition qu’il permette de donner naissance à une création artistique. Vous pouvez également remplacer l’un de vos tours de magie par le tour de magie Réparation. Vous le considérez comme un tour de magie de Sorcier en ce qui vous concerne.
Dans l’œuvre et par elle
Au premier niveau, vous créez une œuvre d’art et vous vous liez à elle. Cette œuvre peut être de toute forme, de toute école artistique, et n’a pas besoin d’afficher une immense qualité pour être tout à fait particulière. Il faut juste qu’il y ait en elle beaucoup de vous-même, que vous puissiez dire « cette œuvre, c’est moi, c’est tel que je suis vraiment ». Vous la créez « normalement », en usant de vos outils et compétences, mais en vous y dévouant corps et âme. Dans le texte qui suit, nous appellerons cette œuvre de votre cru votre œuvre.
Quelle que soit sa forme, votre œuvre affiche une CA de 15, et possède un montant de points de vie maximums égal à 4 fois votre niveau de sorcier. Ces points de vie représentent son état structurel : un portrait avec des points de vie manquant est abîmé, sa peinture s’écaille, son cadre est fissuré. La représentation qu’elle donne n’est pas modifiée par les dégâts qu’elle subit (tout au plus sera-t-elle plus difficilement lisible, mais le sujet en lui-même n’est pas modifié). Votre œuvre est résistante à tous les types de dégâts, et utilise vos statistiques pour ce qui concerne ses jets de sauvegarde.
Pourvu que votre œuvre soit située sur le même plan que vous, vous êtes toujours au fait de son état actuel. Entre deux repos (court ou long), elle peut être réparée au moyen du tour de magie Réparation à raison de 1 point de vie par minute, mais pas plus qu’un nombre de point de vie récupéré entre deux repos égal à votre niveau de sorcier. Si elle est détruite, vous contractez une Folie de longue durée (cf Dungeon Master’s Guide) contre laquelle aucun soin, aucune magie, ne peut rien, et qui perdure jusqu’à ce que vous parveniez à la recréer. Pour cela, il vous faudra disposer d’au moins un mois de temps libre et des outils pour cela (notez que tant que ce n’est pas fait, vous n’avez accès à aucune aptitude de la classe de Sorcier).
À tout moment, toujours à condition qu’elle soit située sur le même plan que vous, vous pouvez choisir de voir par les yeux de votre œuvre. (Même un livre ou une partition a des “yeux” : les lettres circulaires de son écriture, les cordes des instruments qui la jouent. Et une œuvre architecturale voit également, pourvu qu’elle soit munie d’un heurtoir de porte sculptée en forme de créature dotée d’yeux, ou qu’elle comporte quelque portrait, sculpture à l’intérieur de ses pièces – voire même tout cela à la fois). Ces yeux sont mobiles : ils peuvent tourner dans leurs orbites peintes, écrites ou sculptées, et la chose – effrayante – est alors visible de quiconque en est le témoin.
Tant que votre œuvre demeure, vous obtenez l’immunité aux maladies et l’avantage aux jets de sauvegarde contre le poison et contre la condition empoisonné. Votre apparence s’y stabilise au profit d’un des traits saillants suivants (choisi par vous lors de la création de votre œuvre) : sans âge, plein de jeunesse, raffiné, plein de dignité, merveilleux, d’une rare élégance ou débauché. Elle semble toujours demeurer ainsi. Ce trait saillant est doit être la première chose qui saute aux yeux de quiconque vous rencontre, et c’est aussi ainsi que vous apparaissez dans votre œuvre (si c’est un portrait, c’est évident ; mais ça l’est également pour une musique, une architecture, car tout le monde a le sentiment que son créateur est d’une grande – insérer la qualité choisie – en l’écoutant ou la voyant). Lorsqu’au niveau 3 vous choisissez votre faveur de pacte, votre œuvre en tient également compte : sur un portrait ou une sculpture, un familier est représenté à votre côté, une arme ou un tome, par exemple. Cet aspect là est rendu de façon évidente dans la musique ou dans l’architecture.
Les éventuelles copies de votre œuvre n’ont aucun pouvoir particulier, hormis de vous représenter plus ou moins fidèlement (selon leur qualité) au moment où elles sont réalisées. Aucune des aptitudes relatives à votre œuvre ne saurait être accomplies par ou grâce à elle. Cependant, si la copie est relativement fidèle, même si vous ne l’avez pas réalisée vous-même, vous pouvez transférer l’essence de l’original en elle au cas où celui-ci serait détruit. Un tel transfert coûte un repos long au cours duquel vous semblez en proie au délire et à la fièvre (et dont les bénéfices habituels ne vous sont évidemment pas acquis). Le transfert nécessite que la copie soit sur le même plan d’existence que celui où vous vous trouvez : pas besoin qu’elle soit proche de vous.
Redirection de la souffrance
Dès le niveau 6, vous pouvez adresser la souffrance que vous subissez à votre œuvre plutôt qu’à vous même. À chaque fois que vous subissez des dégâts, vous pouvez utiliser votre réaction pour les diviser par deux. Quand vous faites cela, votre œuvre encaisse des dégâts égaux à ceux qu’elle vous a ainsi évités, ces dégâts ignorant sa résistance.
Désormais, à chaque fois que vous vous reposez, votre œuvre se corrige d’elle-même. Elle récupère la moitié de ses points de vie perdus quand vous achevez un repos court, la totalité un repos long. Cependant, votre œuvre se met à affecter la représentation qu’elle donne de vous-même lorsqu’elle se régénère ainsi. Pendant chaque repos long que vous faites, votre œuvre modifie la représentation qu’elle donne de vous en fonction de ce qu’elle vous a évité depuis le dernier repos long. Par exemple, une peinture pourrait afficher une oreille coupée si la réduction qu’elle vous a offerte vous a permis d’éviter cela, ou bien vous représenter en pestiféré si l’immunité aux maladies qu’elle confère vous a justement sauvé de la peste.
Ce report n’est toutefois effectué que si votre œuvre récupère au moyen de sa régénération naturelle. Tout se passe comme si, en régénérant sa structure,
votre œuvre reportait sur l’image qu’elle donne de vous tout ce qu’elle a encaissé à votre place.
Toute modification à votre représentation dans votre œuvre et faite par elle est définitive, et se cumule par conséquent aux précédentes.
Ne confondez pas les points de vie de votre œuvre avec l’état de votre représentation à travers elle, ou ce même état de votre représentation avec celui, réel, de votre personne. Votre œuvre pourra disposer de son maximum de points de vie et vous représenter comme quelqu’un d’à moitié mort, alors que vous-même êtes en pleine forme.
Héritage hideux
Toujours dès le niveau 6, si votre œuvre vient à être détruite, votre apparence physique devient celle que donne de vous votre œuvre juste avant sa destruction, et ce de manière définitive. En termes de règles, cela se traduit par un épuisement permanent que rien ne peut dissiper. Pour calculer le degré de cet épuisement, cumulez tous les effets pris en compte par votre œuvre dans la représentation qu’elle donne de vous : malade +1, blessé +1, empoisonné +1, mort +1 (ces effets ne se cumulent pas avec eux-mêmes).
Une nouvelle itération de votre œuvre, créée après sa destruction (ou sa copie réinvestie) n’affichera elle aucune souffrance particulière dans la représentation qu’elle donnera de vous. Vous y apparaîtrez exactement tel ce que vous étiez au niveau 1, avec le trait saillant que vous vous étiez choisi. Cependant, vous resterez affecté par l’Héritage hideux de la précédente. Ensuite, cette nouvelle itération recommencera à afficher chacune de vos nouvelles souffrances épargnées. Aucune magie ne peut prémunir de cela.
Corps de l’Art
Au niveau 10, vous êtes irréversiblement lié à votre œuvre. Vous ne vieillissez plus, et ne pouvez subir l’effet d’un vieillissement magique. Vous obtenez la résistance aux dégâts nécrotiques et l’immunité à tout effet qui réduirait le montant de vos points de vie maximums, comme l’attaque de drain de vie d’un vampire par exemple. Une telle attaque laisse un goût désagréable et conflictuel dans la bouche de votre assaillant. Mais, évidemment, l’ensemble de ces effets sont reportés sur la représentation que donne de vous votre œuvre. Si vous déclenchez l’Héritage Hideux, ajoutez les modificateurs suivants à ceux qui déterminent votre niveau d’épuisement permanent : âgé +1 (ou vieillard +2), attaqué nécrotiquement +1. De plus, votre œuvre se met à « afficher » le « visage » de vos actes : bons comme vils. Si vous êtes d’alignement bon, votre représentation est comme empreinte de douceur (bien que vous puissiez y apparaître salement abîmé !). Si vous êtes d’alignement mauvais, elle irradie de malignité.
Tout pour l’Art
À partir du niveau 14, votre dévouement à votre création devient souverain. Votre œuvre vous voit capable de détruire la vie d’autrui, les soumettant à d’horribles compulsions et leur inspirant des pensées de vengeance. Vous pouvez lancer Coercition mystiqueou Modification de mémoireune fois, sans dépenser d’emplacement de sort. Vous récupérez cette capacité à l’issue d’un repos court ou long. À chaque fois que l’un de ces sorts est couronné de succès, vous pouvez revenir à un état antérieur de votre représentation dans votre œuvre. Lancez 1d100 : vous avez 10 % de chances qu’un niveau d’épuisement potentiel disparaisse (40 % si votre cible est quelqu’un de proche de vous et que vous respectez, et 80 % si vous l’aimez profondément).
Vous pouvez plutôt choisir d’effacer une trace de souffrance sur vous-même pour la rediriger vers la représentation donnée par votre œuvre, dans le cas où celle-ci, suite à une recréation, serait moins “abîmée” que vous. Dans ce cas, et selon les mêmes chances de succès suite au même usage desdits sorts, le niveau d’épuisement permanent est ôté de vous même, pour revenir à votre représentation dans votre œuvre, sous la forme de son équivalent. Si cette dernière contient un niveau d’épuisement acquis pour raison similaire, il disparaît purement et simplement.
R/UA par WHK (sous le nom de “the Portrait”), traduit par Snorcraff et complètement refait par Pachumain et lui.