Serment de la Dame
Une présence vous accompagne. Certains diraient la providence ou parleraient d’ange gardien, mais pour vous, ses prodiges sont bien réels. Est-ce une fée jaillie d’un lac, qui a reconnu en vous un cœur pur et à laquelle vous avez juré fidélité ? Ou bien trois moires, ayant prophétisé votre mort, qui tissent inlassablement le fil de votre Destin et ne permettront pas que vous périssiez avant le terme qu’elles ont prévu ? S’agit-il d’un oiseau de feu, autrefois libéré de la cage dorée de quelque sultan et qui toujours intervient lorsque l’issue semble fatale ? Ou d’un grand cerf blanc, vestige déjà lointain de dieux sylvestres anciennement attachés à votre peuple, à présent oublié en cette heure où l’empire est tout ? Ou le fantôme d’un enfant à naître, espérant sans vraiment savoir comment faire, que vous réunissiez pour lui les conditions de sa venue au monde ?
Cette présence, est-elle à vos côtés depuis toujours ou depuis peu ? Aviez-vous fini par l’oublier avec votre enfance, et elle s’est soudain rappelée à vous, comme pour s’assurer que vous retrouviez celui que vous êtes vraiment ? Ou est-elle au contraire une rencontre récente, venue vous aider au dernier moment à devenir quelqu’un d’autre ?
Le serment (tacite ou non) que vous lui avez fait pourrait être un secret connu de vous seul. Peut-être risque-t-il de se heurter à cet autre serment, officiel, que vous avez prêté aux nouveaux dieux, ou à celui qui, vous engageant auprès d’un seigneur, finira par vous envoyer sur le champ de bataille ? Ou peut-être n’avez-vous jamais prêté que ce seul serment ? Peut-être ignorez-vous même où il vous conduira, et à qui, au juste, vous l’avez fait.
Avez-vous seulement choisi ce lien ?
Préceptes de la dame
Trouve le sens.Je suis uni à une présence dont la nature exacte m’échappe en partie. Elle semble pourtant attendre de moi que j’entreprenne quelque chose. Et parce que c’est arrivé à un moment où ma vie n’avait plus de sens, il m’importe aujourd’hui de savoir ce qu’elle veut que j’accomplisse.
Respecte le profane comme le sacré.Avant de m’engager auprès de ma Dame, j’avais peut-être déjà des obligations envers un royaume, une Église ou bien un seigneur. Si tel est le cas, et si cet autre engagement n’est pas arrivé à son terme, je m’efforce de faire coexister les deux, bien que ce ne soit pas toujours aisé.
Accepte ce que tu es. J’ai découvert que ce que je suis échappe aux définitions que je lui donne. Je croyais savoir qui j’étais : je comprends que j’ignore presque tout de moi. Pourtant, depuis cette rencontre, je ne me sens pas davantage perdu – seulement moins aveugle. Aujourd’hui, chaque choix auquel je suis confronté me révèle un peu plus à moi-même.
LE DON CONTRAIGNANT AU COEUR DU SERMENT DE LA DAME
Le don contraignant est un motif fréquent dans la littérature du Moyen Âge, présent au départ dans la matière de Bretagne, en particulier dans le cycle arthurien (d’où parfois son nom de don arthurien). Il est simple à décrire : un personnage de l’histoire demande à un autre de lui accorder un don, sans préciser la nature de ce don. Celui qui est sollicité accepte d’octroyer la faveur demandée avant de savoir en quoi elle consiste. Le demandeur révèle alors ce qu’il souhaite, et le donateur est tenu de le lui accorder, que ce soit un cheval, la tête d’un chevalier ou d’une demoiselle ou même sa propre femme. Il est lié par la promesse en blanc qu’il vient de faire. Le serment de la dame, de par sa nature même de promesse à l’inconnu faite à un instant critique ou fondamental, reproduit le schéma du don contraignant arthurien.
Historien et professeur de littérature médiévale, Philippe Ménard préfère l’expression « don en blanc qui lie le donateur ». C’est dans cette dernière acceptation de don de soit à l’inconnu qu’il faut entendre ce serment.
Sorts de serment
Vous gagnez des sorts de serment aux niveaux de paladin indiqués.
Niveau de paladin | Sorts |
3 | Amitié avec les animaux, Lueurs féeriques |
5 | Envoûtement, Vent protecteur |
9 | Image majeure, Peur |
13 | Liberté de mouvement, Vision aveugle |
17 | Légende, Passage par les arbres |
Adjuvant
À partir du niveau 3, vous êtes activement protégé par votre adjuvant. Il vous appartient, éventuellement en concertation avec votre MD, de décider de son apparence. Selon votre préférence, l’adjuvant peut se manifester à vous seul ou être visible de tous, mais il n’apparaît que ponctuellement, à votre discrétion. Bien qu’il puisse vous venir en aide par les moyens décrits ci-dessous, l’adjuvant ne combattra jamais directement. Il ne peut être atteint d’aucune manière et n’a pas par conséquent de capital de points de vie. Le MD peut néanmoins décider ponctuellement de le faire disparaître contre votre gré. À titre d’exemple, le dieu d’un ancien panthéon prenant la forme d’un cerf blanc pourrait être privé d’influence à l’intérieur des églises. Votre adjuvant agit sur le monde en vous accordant les deux options de canalisation d’énergie divine suivantes. Notez que si vous dépensez bien vos canalisations pour générer ces effets, vous pouvez parfaitement considérer que c’est plutôt l’adjuvant qui intervient, en exploitant l’énergie de votre canalisation.
Intervention. Votre adjuvant lance dans votre champ de vision un sort sans que vous n’ayez à dépenser ni action ni emplacement (seulement votre utilisation de Canalisation). Ce sort doit être choisi parmi ceux que vous pouvez lancer : si, pour lancer ce sort, vous devez le préparer (comme c’est le cas de vos sorts de paladin), il doit l’être ; sinon, il doit faire partie des sorts que vous connaissez. Ce sort doit être au maximum de niveau 1 (2 à partir du niveau 5 de paladin, 3 à partir du niveau 9 de paladin, 4 à partir du niveau 13 de paladin et 5 à partir du niveau 17 de paladin ; Si vous êtes multiclassé clerc, vous pouvez additionner vos niveaux de clercs à vos niveaux de paladin pour déterminer ce maximum). Quel que soit son niveau, le sort prend toujours effet comme s’il avait été lancé avec un emplacement d’un niveau égal à ce maximum. S’il demande de maintenir une concentration, votre adjuvant le fait pour vous, mais il ne peut le faire sur plus d’un sort à la fois.
Secours salutaire. Contre votre réaction, l’adjuvant intervient pour imposer une relance à un test ou un jet ennemi effectué contre vous, ou pour vous permettre de relancer un jet de sauvegarde raté. Si vous êtes touché par l’attaque, battu par le test adverse ou ratez votre jet de sauvegarde malgré la relance, l’utilisation de la canalisation vous est remboursée.
Don de la dame
Au niveau 7, l’adjuvant vous permet de trouver un objet qui vous aidera dans votre quête. L’objet peut être de n’importe quelle sorte, mais il n’aura qu’une fonction : celle d’avantager une tâche particulière une seule et unique fois, après quoi il disparaîtra ou se brisera. Par exemple, il pourra être une poignée de graines qui feront naître une vigne qui vous aidera à escalader un mur.
En termes de règle, l’objet conférera presque toujours un avantage à un test ou à un jet spécifique et un seul. Lorsqu’il paraît plausible que l’objet puisse être utilisé par plusieurs personnes, chaque allié pouvant en profiter bénéficiera également une fois de l’avantage que l’objet procure, à condition de faire la même chose que vous et que vous le fassiez ensemble. Bien que l’objet ne puisse être utilisé qu’une seule fois, sa nature peut s’avérer trompeuse pour vos adversaires, leur donnant l’impression qu’ils pourraient également en profiter. Il est possible que les vignes sur lesquelles vous venez de grimpez paraissent encore solides pour vos poursuivants, et qu’elles s’effritent juste au moment où ils parviennent au sommet. Tout adversaire tentant de profiter de l’objet sera désavantagé à son test ou jet effectué dans ce but, sans ne jamais en être averti avant.
Les chemins de l’adjuvant sont impénétrables : vous pouvez avoir obtenu cet objet chez un marchand et ignorer sa nature réelle jusqu’à son usage. Vous avez pu tomber dessus suite à un détour où vous vous êtes pensé perdu. La dame peut vous l’avoir confié en rêve et vous l’avez découvert au petit matin non loin de votre campement. Elle peut vous avoir appelé plus ou moins explicitement en un lieu pour vous le confier. Etc. (cela peut être différent à chaque fois).
Vous pouvez déterminer la nature de l’objet au moment où vous le recevez, ou bien décider que le don de la dame vous est confié empaqueté, de telle sorte que vous ignorez sa nature jusqu’au moment où vous en défaites les liens. C’est à ce moment là que vous déterminerez celle-ci, en fonction de votre besoin. Vous pouvez aussi demander au MD de déterminer d’emblée sa nature, en fonction de ce qu’il estime que vous nécessiterez. Vous pouvez enfin déterminer que le don de la dame intervient au cœur d’un moment de nécessité, et non pas de façon anticipée.
Une fois que l’objet a été utilisé, le MD lance 1d4 en secret. Il soustrait 1 du résultat si vous avez attendu le dernier moment pour improviser la nature de l’objet, 2 s’il a prévu pour vous l’objet à l’avance, ou 3 si vous l’avez déterminé vous-même à l’avance. Ensuite, il ajoute 1 si l’objet a également profité à vos alliés. Le résultat final (minimum 1) est le nombre de repos longs que vous devrez achever pour être en mesure de recevoir un nouveau don de la dame.
L’arbre qui cache la forêt
La présence de l’adjuvant à vos côtés accroît votre attention et votre résilience. À partir du niveau 7 également, une seule fois entre deux repos long et à l’entière discrétion du MD, si vous êtes sur le point d’être surpris par un argument, un défi ou un combat, vous pouvez recevoir un indice au dernier moment vous en informant. En outre, chaque fois que vous accomplissez un repos long à l’issue duquel votre aptitude de Don de la dame est toujours en cours de récupération, vous obtenez un dé de vie de plus, ou éliminez un niveau de fatigue supplémentaire.
Dernier recours
À partir du niveau 15, vous bénéficiez d’un sursaut d’énergie quand la situation semble critique. Cette circonstance se présente lorsque vos points de vie sont sous la moitié de leur maximum et qu’au moins l’une des conditions suivantes est remplie : les autres membres du groupe sont également sous la moitié de leur maximum de points de vie OU les ennemis sont plus nombreux que les alliés OU au moins deux autres membres du groupe sont à 0 point de vie. Dès lors, vous gagnez un nombre de points de vie temporaires égal à votre niveau multiplié par votre modificateur de Charisme. Une fois le Dernier recours déclenché, vous devez achever un repos long pour être en mesure de pouvoir en déclencher un nouveau.
Vaillance
Au niveau 20, tant que vous n’êtes pas neutralisé, vous obtenez un bonus de +3 à vos jets d’attaque et à votre Classe d’Armure contre tout ennemi de taille G ou plus.
LE SERMENT DE LA DAME ET LA RÉDEMPTION
Une des dimensions intéressantes du serment de la dame est qu’il ouvre une porte sur l’inconnu (la nature, les fées, un être mystérieux) en reposant sur l’acceptation de cet inconnu en soi-même (cet inconnu pouvant refléter une part mystérieuse ou oubliée de soi). On peut à ce titre le rapprocher de certaines philosophies accordant la rédemption par la disparition de l’ego. Il n’est pas anodin que pareilles philosophies aient presque toujours été conçues dans des temps troublés par la guerre, et souvent portés par les hommes qui ont connu les combats. Il est dit du phénix qu’il renaît de ses cendres après s’être consumé : cette image sert de métaphore pour expliquer pourquoi il faut parfois mourir à ce que l’on est, à ce que l’on croit être, pour renaître libéré. Ainsi, l’une des interprétations possibles de la dame est celle du passé réactivé, d’une fée qui veille sur vous mais que vous avez négligée pour des raisons plus « adultes », mais au final plus futiles, et qui ont failli vous perdre. Une autre d’une rencontre avec l’inconnu dans un moment de crise. Avec l’accord de votre MD, vous pouvez vous servir de ce serment pour remplacer point par point les aptitudes d’un autre serment dans lequel vous auriez failli. La dame pourrait alors vous éviter le destin funeste du chevalier noir.
N’oubliez pas que la « fée-gardienne » n’est qu’une explication comme une autre de la dame. On dit parfois que fées et démons sont proches. La dame, si elle est fée, peut ne s’être rapprochée de vous que parce que vous l’avez pensée liée à vous dans un moment de grande vulnérabilité. Mais cet instant a pu fort bien être la première fois que vous la rencontriez. Et bien d’autres explications sont exploitables : l’esprit de vos ancêtres qui veillait sur vous, un être dont le souvenir vous est agréable, un dieu disparu qui était celui de votre peuple, etc. Dans tous ces cas, la dame pourra bien constituer une alternative au parjure ou à la pénitence.
Création de Dragonites.