Fossoyeur

Vôtre était la charrette sombre qui grinçait sur la voirie avant l’aube, avec le bruit des sabots, des roues et son conducteur drapé de tissu noir. Criminel ou courtisan, homme riche ou attrapeur de rats, ils ont tous vacillé, tâtonnant pour une poignée de porte ou empruntant des rues secondaires à votre approche. Vous avez servi d’homme à potence, votre attelage de chariot de nuit et, parfois, de chariot de peste.

Vous avez peut-être été un récolteur nocturne enveloppé de tissus dans les villes sur le point de tomber, ou un gardien et historien suspicieux du cimetière et du mausolée. Peut-être étiez-vous un embaumeur, un crématiste, un croque-mort ou un voleur de tombes ; tous partagent la même puissante et durable communauté, née d’un passé maussade et parfois même répugnant. Quoi qu’il en soit, vous avez des années d’expériences pratiques et rapprochées avec les morts.

Compétences : Discrétion, Religion.
Outils maîtrisés : Véhicules terrestres.
Équipement : Une pioche bien-aimée, marteau à pierre ou pelle bien conçue (1d6 dégâts, vous la maîtrisez, polyvalente 1d8), des habits du commun, un foulard et une bourse contenant 5 po.

Aptitudes : Faites-moi confiance, j’ai déjà senti cette odeur

Vous avez l’avantage à tout test impliquant la détection, le suivi (le cas échéant) et l’identification des morts-vivants et de leurs habitudes.

Note : Cette aptitude est notoirement plus forte que la plupart des aptitudes d’historique, mais celui-ci offre une maîtrise de moins.

Personnalités suggérées

Que ce soit par les nécessités de leur position sociale, en raison d’une série de morbidité et de cupidité ou à cause d’une curiosité scientifique, généalogique ou historique, les fossoyeurs forment un assortiment hétéroclite plus qu’un corps de profession véritable, variant largement dans la tenue, la culture et l’état d’esprit. On y trouve le gardien reclus, le philosophe respectueux quoique solitaire, l’amateur excentrique, le généalogiste patient, l’archéologue en mal d’autorisation officielle, ou le vulgaire croque-mort qui s’adonne au pillage des tombes histoire d’arrondir ses fins de mois, de se payer un peu d’alcool, ou qui vole des corps pour le compte d’un universitaire ou d’un nécromancien dans le même but – ou dans celui d’un espoir odieux.

d10Traits (prenez-en deux)
1Je n’élève jamais la voix, parlant toujours calmement, paraissant détester le bruit. Quand je parle, c’est apparemment dénué de toute émotion.
2J’ai le plus grand respect et la plus grande dévotion pour l’héritage laissé par ceux qui nous ont précédés.
3Les morts sont morts : ils n’ont pas besoin de leurs affaires. J’ai besoin de leurs affaires.
4Je porte toujours plusieurs protections, charmes et symboles divers avec moi, car les morts-vivants sont partout.
5Je reste secret à mon propos. Je cache la personne que je suis, je cache mon passé et je me fais des amis lentement, voire pas du tout.
6Je suis brillant et optimiste, et je me délecte de la joie et de la vigueur de la vie à chaque fois qu’elle est manifeste, malgré (ou à cause de) mon passé ou de mon vécu quelque peu morbide.
7Je suis constamment en train de commenter, scruter et prendre des notes sur tout ce qui concerne les tombes, les rites funéraires et les histoires des morts.
8J’ai l’habitude d’être la seule personne intelligente de la pièce ; je prends donc soin d’expliquer l’évidence à des personnes manifestement vulnérables et mal informées / Peut être en raison de mon rapport fréquent à des gens endeuillés, je peux mettre des pincettes extraordinaires pour relater quoi que ce soit.
9Je contemple certains cadavres parfois trop longuement.
10Je connais nombre d’histoires familiales, d’anecdotes d’enterrement, ou de détails morbides bizarres, à propos des cadavres, des maladies et des décès accidentels.
d8Idéal
1Prudence. La vie est fugace et la mort est toujours imminente ; l’hypervigilance et l’auto-préservation doivent toujours être mises au premier plan. (Neutre)
2Patience. Mes études sur les vies et dynasties passées m’ont appris la patience et la sagesse d’une réflexion prudente, prévoyante. (Loyal)
3Leçon. Les puissants tombent le plus souvent aux mêmes écueils que les plus faibles. Et ils tombent de la même manière. Régalez-vous maintenant à la table de la vie, en prenant toutes les mesures nécessaires pour empêcher la fin des repas. (Mauvais)
4Mémoire. Les morts devraient à tout le moins être respectés et leurs héritages rappelés comme une leçon, à la fois pour le plus grand bien et pour le mieux-être de chacun. (Bon)
5La loi, ce n’est pas vous. Le lancé d’un dé cosmique, un éclair azur, une peau de banane bien placée – peu importe comment ou pourquoi la vie se termine, n’est-ce pas ? La vie peut toujours se terminer en un instant, alors faites ce que vous devez et laissez cela être l’ensemble de la loi. (Chaotique)
6Ce n’est que transitoire. Mon avenir est destiné à être celui du succès, sinon de la grandeur. Jusque-là, je fais ce que je dois faire. Et si on me le demande, je creuse les tombes. (Tout alignement)
7Modestie. Ma vie n’a servi à rien parce que je ne me suis pas montré à la hauteur de ce qu’attendaient de moi ceux qui m’aimaient. Je suis utile aux morts. (Neutre ou Bon)
8Dernière vérité. Lorsque l’enquêteur recherche le tueur, j’accueille le cadavre. Lorsque l’enquêteur et le tueur expirent, je les enterre. La vie n’est qu’une éternelle part des choses. (Neutre ou Bon)
d10Lien
1Je rêve encore de richesse et de pouvoir, pour gagner l’amour ou le respect d’un amant éloigné.
2Ma loyauté secrète et ma croyance en la puissance de mon temple, de ma secte ou de ma foi sont inébranlables ; elles seules me protègent (ou me donne de l’influence sur) les pouvoirs de la mort et de la non-mort.
3Comme la société m’a méprisé, je la méprise. Je suis voué à moi-même, et à moi seul.
4J’ai perdu quelqu’un sans pouvoir l’accompagner. J’accompagne tous les autres.
5Mes (nouveaux ?) amis sont mon lien : je suis parfois fidèle à une faute commise, comme on dit.
6Mes outils symbolisent mon passé désagréable : je les porte pour me rappeler que les choses peuvent toujours empirer / pour toujours me souvenir que je dois l’enterrer.
7J’ai toujours espoir que ma famille veuille bien de moi, un jour.
8J’ai échappé à une vie de pauvreté en pillant un soir la tombe d’un homme riche que j’avais vu enterré au matin. J’ai appris ensuite que c’était un bienfaiteur. La honte et la culpabilité me poussent toujours à des actes de charité et d’expiation au hasard. À moins qu’il ne s’agisse de lui-même ? (choisissez)
9J’ai enterré un secret. Je m’en suis fait une profession ensuite, celle de préserver les vivants / celle de préserver les morts.
10Je retiens certaines choses de certaines personnes que j’enterre, et je souhaite, dans la mesure de mon possible, rendre ces personnes dignes.
d8Défaut
1J’ai une obsession malsaine pour les objets de l’antiquité enfouis ou pour les morts légendaires, cocasses ou remarquables.
2Je nourris secrètement des pensées sombres et d’étranges ambitions scientifiques ou occultes.
3Une vie d’isolement m’a conduit à être maussade et peu communicatif, même si je pensais souvent à haute voix et me marmonnais pour moi-même alors.
4Ma fascination pour les morts et l’au-delà va bien au-delà de la perception que certaines personnes ont de ce qui peut être considéré comme sain. Je la romantise donc.
5Je suis obsédé par ma quête d’immortalité personnelle.
6Des années de détachement social et d’isolement m’ont rendu trop analytique, excentrique et méfiant.
7Je réagis toujours trop tard aux sollicitations positives.
8Les chiens ont peur de moi ou aboient sur mon passage. J’ai toujours l’impression que c’est pour quelqu’un d’autre.

Variante : embaumeur

Vous officiez auprès des puissants qui entretiennent l’espoir secret de la continuité de leur règne malgré le fait qu’ils soient destinés à mourir comme tout le monde. Ou bien n’êtes vous qu’un vulgaire empailleur, tenant boutique non loin de la taverne des chasseurs locaux, des ivrognes désireux d’immortaliser leurs exploits. Ou encore exercez-vous au service de la promotion de votre clergé, de ses idées mirifiques sur la mort (vous pouvez y croire ou pas).

Compétences : Médecine, Religion
Outils maîtrisés : Kit d’herboriste
Équipement : Un ensemble d’outils destinés à l’embaumement (notamment divers instruments de découpe), un livre religieux illustré de façon saisissante, une portion de cadavre au traitement plus ou moins achevé (travail du soir), des habits du commun, et une bourse contenant 15 po.

Aptitudes : Médecin des morts

Lorsque vous passez un certain temps à travailler sur un cadavre (à l’appréciation du MD), vous pouvez le garantir de la décomposition pendant une certaine durée (idem). Votre travail peut aussi, dans une modeste mesure, favoriser ou freiner l’état de mort-vivant. Accessoirement, vous savez donner une toilette adéquate aux cadavres et connaissez un certain nombre d’erreur à éviter si l’on ne veut pas qu’il se mette à puer trop vite.

Autres fossoyeurs

Quoique cette profession entretienne de particulier, vous pourriez trouver des similitudes intéressantes dans certains historiques : Acolyte (Player’s Handbook, pour l’aspect religieux) ; Artisan de guilde (Player’s Handbook – pourquoi pas fabriquant de cercueils, ou membre d’une organisation de pompes funèbres ?) ; Artiste (Player’s Handbook – arts funéraires, célébrations en grande pompe) ; Ermite (Player’s Handbook – si vous avez été d’abord attiré par l’aspect psychologique) et Héros du peuple (Player’s Handbook).

Pas loin de cette corporation, on trouvera le Manouvrier (Héros et Dragons ; il faut toujours des bras), le Paysan (pour la modestie de corps), le Serviteur (qui vit tout les états de ceux qu’il sert) et le Tavernier (grand approvisionneur devant l’éternel).

Le côté « bien au courant » sera recherché du côté du Chasseur de primes urbain (Sword Coast Adventurer’s Guide), du Criminel (Player’s Handbook – rapport à certains réseaux), de l’Enquêteur (rapport à certains procédés), du Miséreux (Héros et Dragons – pour le truc de voir l’humanité de l’autre côté) ou du Nomade (rapport à certaines histoires de vampire).

Enfin, les aspects les plus glauques ou les plus particuliers se déclineront chez l’Idiot du village, l’Usurier et le Tourmenté.

Création de Robert Fairbanks, traduite et étendue ponctuellement par Snorcraff.